Emancipation

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UNE LIGNE INTERIEURE

Au fil des années, des élans sont nés du plus profond de mon être.

Silencieux, radicaux, puissants, ils sont devenus des piliers quand tout vacillait.

Sans le savoir, j’étais en train de construire un système de résilience mais surtout une structure qui allait porter et révéler l’énergie de mutation que je porte depuis toujours.

Aujourd’hui, ces piliers me permettent de traverser les tensions sans me diluer, d’affirmer ma présence en silence, de rester debout au milieu du chaos, de repérer le vivant dans les discours de surface, de voir au milieu du bruit et des dissonances et de garder confiance quand tout pousse à abandonner.

Le corps —-

Même sous la pression invisible du “culturellement correcte”, mon corps ne mentait pas.

Je l’ai écouté, il m’a montré les seuils invisibles, les lignes de fracture et les limites franchies trop souvent.

La maladie au lieu de me diminuer, m’a montré les espaces de la conscience en nous, ce qui reste caché et qui pourtant est là, depuis toujours.

Je n’ai pas pensé ma mutation — je l’ai vécue au quotidien pendant de nombreuses années.

C’est par ce corps j’ai appris à mourir pour renaître encore et encore sans basculer ni dans le dur, ni dans le flou.

La voix —-

Même tremblante, même isolée, ma voix a toujours continué à s’exprimer.Face aux systèmes qui tentaient de m’effacer, je n’ai jamais cessé de danser, de nommer, d’écrire. Ma voix a dit, sans hurler, préservant sa douceur et sa force, s’affirmant en clarté.

Laisser mourir ce qui doit mourir —-

Certaines identités, loyautés ou certitudes ne pouvaient plus m’accompagner.Des projets, des attachements, des relations : j’ai tranché et me suis retirée quand ce n’était plus juste, même si cela me coûtait.. beaucoup.Savoir consentir à perdre ce qui ne sert plus ta vérité est une sagesse douce et amère en même temps et pourtant nécessaire pour préserver le flux.

Hors-cadres —-

Dans une société qui crée des cases pour se rassurer, je n’ai jamais tenu dans des rôles préfabriqués ou des identités imposées.

Ma pulsion de vie m’a toujours poussée à me transformer, à ne pas me figer dans des postures séduisantes ou confortables.

Naturellement, je me tourne vers ma propre émancipation — physique, psychique, mentale et spirituelle.

Tout ce qui m’entrave ou me bloque est immédiatement perçu, reconnu, et je crée le chemin pour m’en libérer.

Peu importe le coût.

Cette exigence m’a gardée perméable, non manipulable, entière, lucide et radicale.

Cohérence ——

Choisir de vivre sa vérité et de s’engager dans sa propre libération construit en soi, lentement, une intégrité consciente.

Cette trame de vie, imposée, souvent refusée, niée - est aujourd’hui le socle qui guide mon énergie de mutation dans mon travail.

Dans un monde marqué par la distraction et l’oubli, ma posture radicale est une réponse et un défi nécessaire:

Elle rappelle ce que nous avons oublié, refuse de nous voir perdus, remet au centre notre pouvoir d’action, notre souveraineté et notre vérité,

Elle porte l’exigence de ce qui dure… et le vertige de la créativité.


INNER LIGNE

Over the years, impulses have arisen from the deepest part of my being.

Silent, radical, powerful—they have become pillars when everything wavered.

Unknowingly, I was building a system of resilience, but above all, a structure that would carry and reveal the energy of transformation I have always carried.

Today, these pillars allow me to navigate tensions without dilution, to assert my presence in silence, to stand firm amidst chaos, to recognize the living within surface-level discourse, to see through the noise and dissonance, and to maintain trust when everything pushes toward surrender.

THE BODY —

Even under the invisible pressure of being “culturally correct,” my body did not lie. I listened to it; it showed me the invisible thresholds, the fault lines, and the limits too often crossed. Illness, instead of diminishing me, revealed the spaces of consciousness within us—what remains hidden yet has always been there. I did not plan my transformation—I lived it day by day for many years. It is through this body that I learned to die and be reborn again and again, without tipping into hardness or into vagueness.

THE VOICE —

Even trembling, even isolated, my voice has always continued to express itself. Facing systems that tried to erase me, I never stopped dancing, naming, writing. My voice spoke without shouting, preserving both its gentleness and its strength, asserting itself in clarity.

LET WHAT MUST DIE—

Some identities, loyalties, or certainties could no longer accompany me. Projects, attachments, relationships: I severed and withdrew when it was no longer right, even if it cost me… greatly. Knowing how to let go of what no longer serves your truth is a wisdom both sweet and bitter, yet necessary to preserve the flow.

OUTSIDE THE FRAMES —

In a society that creates boxes for reassurance, I have never fit into prefab roles or imposed identities.

My life impulse has always pushed me to transform, to refuse being frozen into seductive or comfortable postures.

Naturally, I turn toward my own emancipation—physical, psychic, mental, and spiritual.

Anything that restrains or blocks me is immediately perceived, acknowledged, and I forge the path to free myself.

No matter the cost.

This rigor has kept me permeable, unmanipulable, whole, lucid, and radical.

COHERENCE —

Choosing to live one’s truth and commit to one’s own liberation slowly builds within a conscious integrity.

This life thread—once imposed, often resisted, denied—is now the foundation guiding my energy of transformation in my work.

In a world marked by distraction and forgetfulness, my radical stance is both a response and a necessary challenge:

It reminds us of what we have forgotten, refuses to see us lost, and re-centers our power, sovereignty, and truth.

It carries the demand of what endures… and the vertigo of creativity.

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Trois continents - Three continents